vendredi 14 mars 2008

Divines litanies


La Peur.
Que de peur,
encore et toujours la peur.

La peur de perdre la mémoire,
la peur de perdre le souffle des ancêtres,
la peur de la mort,
la peur de leurs propres démons
qu’ils chassent maladroitement
en tapant sur les autres.

Je vais te confier quelque chose mon ami,
la meilleure manière de vaincre sa peur,
ce n’est pas de la fuir
encore moins de la transposer,
il faut l’affronter à l’intérieur de soi.
Et si seulement on n’y arrive pas,
alors on se résout pour toujours à trouver aise
de son état d’homme otage de sa propre psychologie.

Il fallait soigner les consciences.
Celles-ci instinctives
et fortement dépendantes de l’inconscient.

L’inconscient doux piégeur,
berceur et berneur
qui nous faisait nous contenter
de répéter les comportements sans jamais y réfléchir.

Nous reproduisions les rythmes du passé,
les cadences du comment en oubliant
celles du pourquoi,
du à quoi bon.

Je reprenais ma branche habituelle
pour m’enivrer d’énergie spirituelle.
Mais ce jour là,
ma branche n’était pas aussi confortable que la veille.
Ce jour là,
j’ai remarqué que l’oiseau qui nichait
habituellement à ma droite n’était pas venu.

Ce jour là,
le tamarinier n’était pas aussi communicatif qu’à l’accoutumée.
Décidément ce jour là,
ma soif d’ivresse spirituelle n’allait pas s’assouvir.

Ce jour là,
la branche n’était mienne.
Elle avait décidé d’obéir à une autre force.
Celle du vent qui, lui,
s’était mis à venter autrement.
Il soufflait des tourbillons,
le tamarinier se laissait secouer à s’arracher,
les branches tremblaient,
frappaient la terre d’une violence inexplicable.


De ma fenêtre,
j’aperçois des hommes et femmes libres,Ceux-là qui
peuvent aller et revenir sans que corps vibre, Moi hélas,
je me l’interdisais, je ne faisais plus le bon calibreEt au tri du système,
ne me ferons pas grâce mes indiscrets fibresAlors j’étais là,
et de ma fenêtre, je regardais l’air libreA défaut de le respirer.
Précision : j’étais on ne peut plus libre.Seulement,
user de ma liberté n’était de rien prudence . LibreJe courais le risque d'abandonner mon égo-équilibreAlors, j’étais là, confiné sous l’odeur de la souffrance Me lassant du perpétuel songe de mon potentiel partance.Paranoïa d’un homme qui troque sa raison pour aisance.Espérant que celle des autres lui accorde complaisance.Mais,
qui avait dit que « l’enfer, c’est les autres »?
Simpliste ignorance !
Des autres, devait venir mon salut, à vous les autres, intime reconnaissance.De ma fenêtre,
seul et sans voix, je pouvais bien sombrer sans assistanceMais bon,
ma détresse n’a pas su échappé à votre vigilante bienveillance. Croyez-moi,
vous dire merci serait peu, mais n’est-ce pas l'approprié mot. Toutefois, pour convenance primitive,
j’aurais voulu aller au delà des motsVous faire sentir la sincérité de mon merci
comme vous me faites si chaud au cœur. Cette page de l’histoire
sera à jamais jalousement gardé au plus profond de mon cœurJ’espère,
m’en souvenant des années plus tard, avoir la décence D’apprécier encore,
vos valeurs sûres qui m’ont tant fait aimer la France. Cette histoire,
je la raconterait à mes enfants, je la crierai à l’erranceJe leur dirai
qu’au plus profond de la générosité de son peuple est la France.Ainsi de ma fenêtre
se faisait l'ambiguité de ma relation avec la FranceDans ma situation,
ç’aurait été plus facile de m’en vouloir à la FranceMais, du peuple et du système,
où irai-je chercher l’éternelle France.Cocktail de lois froides et
d’un peuple spontanément généreux.
Touche pas à ma France. Tall Mangoné








Bébés crient secours.

Brise nuque, serviette étouffeuseNœud guillotine ou douche tueuseDes bébés prennent vie un tempsPour qu’on le leur ôte dans l’instant.Ils repartent à peine arrivésLa vie ne leur a permis de resterLeur destin fut de naître pour mourirComme s’ils étaient nés sans prévenir.Ils repartent comme ils sont arrivésDans leur landau qui font leur cercueilIls repartent un cri de politesse aprèsSous leur layette qui font leur linceul.A se demander pour quelle éthiqueLa vie parfois montre un visage pathétiqueSavent-elles réellement ce qu’elles font ?Veulent-elles vraiment ce qu’elles font ?Tall Mangoné












Chœur du monde

Pour le plaisir des mots,accroc du son des motssur mes maux, motspour rire, rire des motspour ne pas pleurer de mauxmots de cœurs, chœurs sur mes maux,mots pour larmes, mots de mes mauxpour contrôler mes nerfs anti-lacrymaux.Par le plaisir des motsje compose avec mes mauxpour l'espoir de tous ceux qui vivent de mauxdes mots, pour le chœur d'un monde sans maux.Trouvons donc ensemble les magiques motspour une culture du vivre ensemble sans maux.Tall Mangoné















A ma Fille

A crocs d'ogresJe t'aurais croqué propre.Hélas, mon cœur ne saurait t'être cruauté d'ogres,Expressions pures d'un amour propreMariama, mon soupirô ma fille que te direDans mon cœur pur et viergeMa Mariama, seule ton étoile émerge.Dans les flots séraphiques de mon sangFlotte la rose qui t'attendra à l'étangMon cœur tien, pur toujours te seraTrésor d'amour et si, indécent, t'aimer me seraAlors, je t'offre mon cœur sans médire.Comment te le dire ?Prend ô ma filleQue tu as mon cœur.Belle comme cœur, fille,Comment te couvrir de fleursMère qui ne m'a pas engendré.Fille que j'ai engendrée,ô sens de ma vie, comment te direje t'aime sans me l'interdire ?TALL Mangoné




L’énigme de mon imaginaire

De ma plume giclent des encres de désespoir,Larmes armés, larmes alarmantesencre de ma plume d'impudeur,que ne dirait-elle pas ?Que dirait-elle, elle, qui écrit ?écrits de cœur, chœurs écritsd'encres de ma douleurpar une plume molle de peurAi-je la plume de mon encre?Plume complaisante,de peur de perdre l'espoircelui qu'elle n'a pas.plume de raisonencre de cœurlarmes de cœursourire de raisonc'est l'énigme de mes écritsdes éclats de rire mêlés de crisarmes de mon désespoirpour ma quête d'espoir.TALL Mangoné







Rêvardium
Bling-bling big bam boumrêve de black, tombe de hautje vois grand, mais de hautle monde lui, me vois stroumphMonde autrerêve des autresBlague de mes rêves d'ailleursréveil bois, dans ma réalité de frayeurs.Dans ce monde décidément farceurqu'en prendre si ce n'est de la rancœurBoum, Boum, Boum, Boumbat un cœur aux verrous,haïssant le monde de son courrouxcomme un désespéré stroumphColère vainecolère inutilecolère stérilecolère de minuscolère qui me maintient aux serpillièressur la route de ce monde qui traîne ses vipèresRêvard, cache tes boulesalors, et reste coolcar avec un cœur pur et un regard francce monde ne pourrait être autre que franc ?TALL Mangone
Miroir tragique


Miroir, miroir dis-moi que je suis beau.
De mon moi, ne reste plus que ma peau.
Et toi t’obstines à ta sentence saugrenue,
Même si de toi, vient le sens de ma tenue.

Miroir…. !

Miroir, dis moi que la beauté n’est pas toujours autre
Que oui, beau je peux être même dans mon allure ébène,
Que je suis beau dans ma différence d’avec les autres,
Qu’à la galerie des beautés, plus je ne ferai phénomène.

Miroir,

Oui j’y tiens, dis moi que je suis beau.
Pour t’avoir, j’ai dû vendre mon frère
Pour t’avoir eu, j’ai perdu mon cerveau.
Et toi me retiens comme pour me distraire.

Miroir ….. !

Pourquoi t’écouter perfide,
De mon âme, tu me vides.
J’ai l’air d’un vil suiveur,
A conscience sans honneur.

Miroir corbeau,
Reflet bourreau.
Miroir fardeau,
Châtiment nouveau.

Miroir tragique… !

Satané apparence !
Miroir tragédie de ma psychose,
Miroir miroitant l’essence
D’une beauté éternelle par symbiose
Sans jamais me faire célébration de mes efforts.
Dis-moi miroir, suis-je encore loin du réconfort ?

Miroir…,

Miroir ô capteur d’âme.
Pour moi, que de blâme.
Et t’écoutant, je perd confiance,
Je ne sais plus saisir ma chance.

Miroir sarcastique…

T’en moques, Miroir ?
De toi, espoir dérisoire !

Miroir, bordel de miroir !
Où chiner ma mémoire ?

Miroir, souviens toi.
En moi, regardes-toi.

Me laisser à refaire
Etait pour te plaire.

Miroir…

Que je sois désorienté te laisse albâtre
Tu sembles vivre de mes jours saumâtres.
Tu aimes bien entretenir mon complexe
Raison pour toujours me laisser perplexe

Pouf sérac…


Dis-moi, fourbe miroir, ne serais-tu pas complice ?
Tes ajustements ne font qu’accentuer mes supplices ;
Celles-là même qui tissent les filons
de l’aisance des autres.

Pendant que tu me dénigres félon,
s’érige la beauté d’autres.

Miroir…toi décidément déloyal.
Et dieu ancestral ne m’est plus royal.

Je t’ai mandaté roi
Tu m’a volé ma foi.

Miroir…

Te suivant, je me suis éloigné de mon moi originel,
Sous ma peau noire mitonne l’antagonisme pervers,
Corps vu par dévers vidé de son âme fait à l’envers.
A croire miroir, que tu me tiens à la loi structurelle.

Miroir ô système
Es-tu stratagème ?

Ainsi en est-il et je te fracasse, imbu de miroir.
Loin de mes valeurs las, en toi fut mon espoir.

Jusqu’à quand muet miroir, serai-je en attente ?
Quand voudras-tu régénérer ma beauté latente ?

Miroir de ma conscience.

Le glas vient à coup de sonner l’urgence,
Et de beauté, tu me dis encore en carence
Soit. C’aura été ta toute dernière sentence
Tu ne seras plus caution de mon essence

Sans rancune aucune alors mon miroir, je te brise
Parce qu’à laideur assumé oui, mieux que méprise
J’ai pris conscience de ton contrecoup dévastateur
Et je me libère enfin de tes prunelles hypnotiseurs.

Tall Mangone.


























L’ancêtre intrônisateur

Sur le tamarinier hors champs
Aimais-je grimper chantant
Pour revoir le temps d’un instant
Les orgies d’un monde distant

De cet arbre lourd de complainte
J’apparaissais hors d’atteinte
Gît sur la cime branche du tamarinier,
J’aimais passer pour un geôlier

Loin des tintamarres des éternels suiveurs,
Hors des cercles puérils des doux rêveurs.

J’étais là haut
et là-bas, en haut
J’échappais à tout contrôle,
J’étais libre de toute moule sociale

De haut, je scrutais les horizons
La haut, je sombrais dans mes visions,
J’échappais à la féroce gueule du diable
La hauteur m’offrait air sans hypocrisie minable.

Elevé, je surprenais de nues injustices
Je déplorais de banales impertinences
J’admirais une harmonie ambiante
Construite sur fond de corruption béante.

J’entendais en finir avec le vice
Pour mieux vivre avec nos cicatrices.
Hélas, il fallait trouver l’anecdote
Bien concevoir l’idéale méthode


Et d’une voix dégagée telle une divine prophétie
Me recommandait-on de rompre d’avec l’inertie
Sans jamais recevoir les moindres moyens
Qui feraient de moi érudit prométhéen

Les voix du tamariniers me sont impénétrables
Et l’entendement d’un mortel peut être exécrable.
Heureusement, là-haut, au cime, l’inspiration
Flottaient légère comme une divine intuition.

Alors, je me laissais envahir par les esprits.
Je prêtais mon regard aux forces invisibles,
Mes prunelles à travers lesquelles celles-ci
Me montraient l’autre facette du visible.

Là-haut, avec les esprits
Mon esprit voyait de haut.

J’entrais en transe comme un chaman en connexion,
Je voyais l’horizon et derrière l’horizon ,
Je voyais en simple démonstration
Comment les effets sont-ils relier à des raisons.

J’étais oh combien accroc, moi
De cette fenêtre temporelle
D’où mes ancêtres et moi
Entamions une causerie informelle.

Ils voyaient en moi le parfait missionnaire
Qui rendrait leurs recommandations populaires
.
Des frissons,
j’ai la chair de poule,
je me sens comme tournant en boule,
j’entends des voix seules et criardes,
je vois des foules d’âmes sans tête,
je m’envole de peur.
Qui est-ce qui m’arrive ?
J’ai comme des hallucinations,
c’est flippant.

Thérapie ou folie.

Je devais être missionnaire
Ou alors pâteux démissionnaire
Le choix serait vite fait,
Mais là c’est le choix qui me fait,


je suis le choix en mon insu.
Pour changer notre devenir en bien,
A le croire vrai
volontiers ma personne.
Au moins çà m’aurait valu réconfort.

Alors, ferme les yeux,
bon voyage et bon séjour dans le monde des secrets.
Je veillerai sur ton corps le temps de ton absence.
J’attendrai ton retour toi qui me libéreras de mon éternité.

Vas et reviens vite en héros libérateur
Civilisateur, reviens mettre de l’eau dans le feu,
reviens mettre de l’eau dans les champs,
reviens mettre du poisson dans les océans,
revient mettre de la transparence dans nos conscience
reviens mettre un peu d’esprits dans nos gestes,
reviens combattre les maladies,
reviens vite défendre la santé maternelle et infantile,
tu soulageras ces braves pères de familles
loin de leurs enfants pour leur bien.
Reviens refaire ces repères à l’envers.

Vas
et reviens donner la voix, les secrets,
les consignes des forces mystérieusement impénétrables.
Reviens apporter les clés d’une vraie autonomie africaine,
pas celle que l’on revendiquera
mais celle que vous ferez de vos résolutions.

Désiré, tu as la chance d’approcher cette énergie des cavernes,
grrrr que te foudroie les tonnerres des ténèbres,
bain de nébulosité d’éclairs,
plus mal que ton malheur tu verras,
meilleur que le bonheur de tes rêves tu apercevras,
regard à trois cent soixante degrés,
la chose et son contraire,
le normal et le pathologique,
le tout et le néant,
le paradis et l’enfer,
l’éventail de tes choix,
comme un puzzle tu constitueras la vie que tu choisiras.

Dans cette résolution là,
Désiré, il n’y aura de place à la négociation,
à la victimisation,
à la culpabilisation,

dans cette optique là,
votre indépendance sera totale,
votre liberté incommensurable,
et là seulement vous pourrez nouer
des relations amicales avec les autres
parce que fondamentalement basée sur le respect.

Tu verras, ils ne te laisseront même pas plaider ton malheur.
Va, Désiré, va,
à ton retour, je m’en irai.
Je t’attends avec impatience pour te dire au revoir.

je m’en irais rendre mon âme,
je te laisse le témoin du temps,
toi qui as été choisi par les esprits du tamarinier.
En toi se cache désormais la force de tous les dieux,
en toi se cache le courage
du lion rugissant de sa rage de vaincre.

Je te laisse le témoin
et tu feras mieux d’en faire une résolution
pour ne pas être le témoin de demain.

Je t’entends me dire
« ne pars pas,
reste avec nous,
que votre Afrique sera aussi celle de la solidarité intergénérationnelle et du partage des connaissances. »

Je t’ouie dire
« tu pourrais nous être utile
pour la sagesse de nos décisions.
Tu ne seras plus seul et marginal.
Reste parmi nous dans ce monde
où désormais chacun aura sa place,
reste pour te donner le plaisir de vivre
dans ce monde que tu te représentais à douze ans. »

Hélas,
je vais rejoindre mon étoile au firmament des dieux,
la place que je prendrai
pour admirer cette Afrique corrigée
où il ferait bon de vivre.
Cette place que j’ai gagnée pour t’avoir trouvé.

De là-bas désiré,
je ferai le guet,
je serai ton ange gardien,
je serai ton esprit critique
qui contiendrait ton enthousiasme débordant,

je serais là pour mettre un peu de réalisme
dans ton optimisme fougueux,
pour mettre un peu de lucidité
dans ta confiance soporifique.

Désiré,
je dois m’en aller emporter ta colère,
piège qui étouffe la clairvoyance de son homme,
sentiment forgeron d’une subjectivité
qui te cache l’autre paramètre
qui fait la réalité de la chose.

Cette colère que tu justifiais par une histoire
faite du temps qui n’a pas encore finit son court.

Cette colère qui faisait de toi un démissionnaire,
un parleur qui parlait pour dire
« de toute façon il n’y a rien à faire »,
que l’histoire avait fait l’essentiel
et seul te reste tes plaintes.

Te plaindre pour revendiquer ce que ta colère
t’empêchait d’avoir par toi-même. Chimère.

Désiré, à ton réveil,
tu sortiras de l’histoire
Tu feras l’avenir,
celui d’une Afrique réconciliée avec elle-même,
l’avenir d’une Afrique qui compte sur elle-même,
une Afrique qui peut avoir confiance
en ses hommes et femmes, en sa jeunesse.

Et peu importe la difficulté de la tâche,
Désiré, tu seras le médiateur
qui fera taire la somme des colères africaines,
colères qui les dépouillent de leur sang froid,
colères qui régissaient l’action d’hier
pour expliquer le regret d’aujourd’hui,
colères destructrices de créativités
et de tout esprit d’initiative,
celles qui créent le désespoir,
la haine, la désobéissance,
colères constructrices de cette violence
anarchique et particulièrement africaine.

Désiré, pour ton courage,
je te débarrasse de cette colère
qui n’est en réalité rien d’autre qu’une manière
comme une autre de manifester sa peur.

La peur d’un lendemain
qu’on ne prend pas la peine de construire,
la peur de maladies
qu’on ne prend pas la peine de combattre,
la peur de prendre sa liberté.

Colère de cette peur qui cache sa suffisance,
un manque de confiance en soi,
le complexe d’un débutant qui,
par peur de se tromper évite d’agir,
celui qui préfère dénigrer le matériel
parce que fait par l’autre,
celui qui a peur de fabriquer son matériel,
sa méthode,
son choix,
sa vision,
sa politique…
par peur de perdre le pouvoir.

La peur de pas être à la hauteur
de celui que l’on réclame être
dans ses puériles revendications.
Colère par peur de l’action,
colère pour se laver les mains,
se dresser en victime éternelle
et responsable de rien du tout.

Colère,

posture simpliste d’un peuple
qui préfère prendre le thé entre amis,
mobile au gré des ombres,
ombre oasis,
ombre sombre des pénombres de l’obscurantisme.
Ombrages des flemmards flegmatiques,
d’une jeunesse particulièrement placide
qui préfère converser sur leur misérable existence
plutôt que de suer pour une faste destinée.

Pour un esprit d’initiative sain et bien éclairé,
Désiré, je t’offre le dépassement
source de pragmatisme et de réalisme,
dépassement de sa crainte de s’ouvrir au monde,
dépassement qui t’accordera la clef de la bouche,
la hauteur qui te donnera la parole
pour des affaires qui te concernent.

Dépassement pour la fin de l’ingérence,
pour une nouvelle manière de négocier
l’entrée de l’Afrique dans la mondialisation.

Dépassement à la lucidité résolutoire
qui ferait de vous, jeunesse africaine,
seuls responsables de ce qu’il adviendra de l’Afrique demain.

Désiré,

tu es le choix
et tu as encore le choix.
Tu ne feras rien seul c’est sûr,
mais rien ne se fera seul non plus
et le choix est lourd.
Il s’agira de sortir de l’enfer pour le paradis,
il s’agira de vivre l’enfer pour acquérir le paradis.

Il s’agit pour l’Afrique d’émerger au XXI siècle
ou encore La faire attendre le xxiie,
sache juste que les cartes sont entre tes mains
et si tu ne veux pas que dans cent ans
un jeune en arrive à te juger coupable de sa condition,
alors tu feras mieux de partager ton projet,
inviter ta génération à relever les défis de ta mission.
D’autant que tu as une chance que je n’avais pas ;
la jeunesse de l’actuelle Afrique est capable d’ouverture,
elle est débordante d’énergies et suffisamment formée pour réussir le pari.
Le Missionnaire.

Je sors des bruines humides de l'histoire,
Je viens du tamarinier des forces invisibles,
J'arrive du manoir céleste des dieux noirs,
J’ai été foudroyé et emporté loin du visible.

Et là-bas, jeunesse africaine
J’ai senti colère et migraine
J’ai vu scènes et peines.
J’ai pu mesurer votre haine.

Là-bas,

J'étais à la recherche de ma raison
Engloutie dans les antres de l'histoire.
Pour logique las, j’ai trouvé déraison,
Des raisons faites de pensées illusoires

Durant ma transe, jeunes pousses
j'ai parlé aux maîtres de la brousse,
Aux âmes des ancêtres confinés,
Aux esprits des dieux calcinés.

Et ils m'ont dit:

" le temps est venu pour notre jeunesse de regarder
le monde autrement, de prendre leur responsabilité".

Entendez par là,

Jeunesse africaine, que nous
Et seulement nous pouvons faire
Quelque chose pour nous.
Sus, l’heure est de s’en complaire

Jeunesse africaine,

Ils m'ont dit que nous ne devons plus être attentiste
D'un paradis parachuté. N'est-ce vain opportunisme ?
Et attendant ce paradis mirage, l'Afrique, dans le gouffre
Et isolée, de notre posture simpliste et victimaire, souffre.

Jeunesse africaine, me parlant,
Ils tentent de nous redonner conscience,
Ils ont défait leurs sors d’antan
Pour nous sortir de notre inconscience.

Ils m’ont dit :

Parlez-vous au lieu de vous battre,
Rester positif pour espoir psychiatre..
Soutenez-vous et restez solidaire
pour vaincre votre peur subsidiaire;

La peur d'un lendemain
mystérieusement hasardeux.
Celui d’un jour sans grains
Le revers d’un choix pernicieux.

Jeunesse africaine,

Il m’ont dit qu’à ignorant, toujours servitude.
Et seule notre bonne conscience fera notre négritude.

Sortons alors de notre chronique passivité
Et décidons de travailler sans aucune pause
Dévouement pour noble et commune cause
Structurée par le sens d’un devoir plébiscité.
.Ainsi ferons-nous et nous irons loin,
Aux confins des fins fonds, à tout coin,
Au cœur de la brousse, savane entre étangs et océans
Là-bas où y’a mets à hauteur de la dignité de maman

Dans chaque situation troublante
Se cache une divine option
qui sans être satisfaisante
peut passer pour consolation.

Frères et sœurs, fils d’Afrique, au sueur
Notre salut nous chercherons au labeur.

Sortez donc de votre immobilisme chronique,
Ne soyez plus en attente d’un paradis en parachute.
Soyons le début d’une Afrique fière et sympathique

Il est temps de dépasser la marche à quatre pattes.

Imitons sounjata, lui s’ets relever fier
Pour sécher les larmes de sa mère.

Levons nous et tenons-nous debout.
Décidons d’être braves et travailleurs
Pour l’honneur de l’homme noir. Debout
Pour une Afrique en attente de nos cœurs.

Son chagrin ne pèsera plus sur notre conscience
Si nous nous faisons gage de sortir de notre aisance.

Elle, nous attend au delà de l’espoir
Derrière la dernière clairière
Espérant vite nous voir
Plus être la cible du Karscher

L’Afrique est en appel
Elle prie de sa chapelle.

Refusons qu’elle soit tout le temps assister par d’autres.
Etre tout le temps sous aide paternaliste et vaine des autres,
C’est leur donner éternellement le droit de donner leur avis
Sur notre mode de vie, c’est fausser notre rapport de vis-à-vis
C’est leur permettre de continuer à influencer notre destinée.
C’est rester vautre parce que rien à foutre de notre intégrité.

Mon Afrique décidément est en pleure
Pour consolation, soyons pour lui fleurs,
Gris-gris et talismans pour autre posture

Avec elle nous ferons nouvelle aventure
Une vraie, distante de toute désinvolture
Ainsi sûrement, demain nous sera or peur.

Séchons donc à jamais ses brûlantes larmes
De sa peine, plus l’ennemi ne fera son charme.

Levons-nous et cheminons,
De foulées infernales courrons,
Des airs comme dragons volons.
A la croisée des océans, pagayons
Allons aux lisières des creux profonds
De notre si riche brousse et prospectons.

Pour bon appétit de notre Afrique boudeuse
Trouvons les provisions des plus prestigieuses
Pour elle, battons-nous contre nous même, nous
qui sommes devenus rigides parce qu’à genou

Imitons Sounjata, redressons-nous et marchons
Prenons appui sur notre conscience retrouvée
Pour que s’érige son honneur haut et hors d’affronts
Et surtout pour qu’enfin notre lucidité soit prouvée.

Défions notre atonie pour sa rédemption.
Elle, dans son état décadent baigne dans son songe
Regrets, honte, blessures et autre tel mensonges.
La sauver, nous en ferons ferme détermination

Parce que sensibles et seuls concernés
Il s’agit là de s’engager ou de démissionner.
Et punis dans nos derniers retranchements
Que perdre si ce n’est notre confinement.

Courage, Confiance, espoir,
Sagesse et savance des ci-soirs.

Jeunesse des champs
Jeunesse chantant au labeur
Et versant des cordes de sueur
Pour éteindre les flammes de sa peur

Arrêtons de nous lamenter sur notre sors,
Et pour notre confort, jetons-nous bon sors.

Faisons resurgir nos qualités du bon nègre choisi
Puissant, planteur et cueilleur, fort, fécond et long zizi

Nous tirerons de la vitalité de ce dynamisme que nous pétons.
Debout frères et sœurs africains, au réveil nous irons.

Baille.

Marque le début de ton réveil.
Baille un bon coup d’éveil
Le dernier qui t’extirpe de ton oisiveté pesante
Sur une Afrique décidément encore en attente.

Un peu de discernement sœurs et frères,
Diagnostiquons d’emblée apôtres
Que la dépression progressive de notre mère
Est directement liée au regard indiscret de l’autre.

Ces projecteurs lui projetant
Son passé non glorieux, Commère
Sur son état dégradant
Et son avenir des ténèbres.

Maman elle, tient encore courageusement debout
Nous tendant sa main affectueuse et espérant à bout
Nous savoir suffisamment solide pour être son armure
Qui parera ces regards vifs et transperçants sur ses brûlures.

C’est urgent, saute et bouscule-toi,
Eveillé, réveille qui te côtoie.

Nous expérimentons le marathon
Des travaux forcés volontaires.
Gare aux démissionnaires,
Prévient le panthéon.

Ce sera de gré pour reconquérir
Notre mère souriante
Que je ne me représente
Plus dans mes souvenirs.

Initions.
Bâtissons,
Construisons.

La Maison de maman sera solide et durable
Pour ne plus se laisser ébranlé par le vent missionnaire
Ni céder la moindre brèche au faux commissionnaire.

En bon fils qui se plait à susciter la fierté de sa maman,
Je serai ses outils et ses mains et oui, en chantant,
Qui vont lui fabriquer sa dignité sans dégâts
Et un honneur sauf dans tous ses éclats.

Qui le fera pour toi dit ?
Qui redonnera à maman son goût de vie,
Le plaisir d’exposer ses trente deux dents reblanchies ?

Evidence saisie.

Nous seront les dentistes esthéticiens de cette première dame,
Nous serons ceux qui vont redresser son échine
Pour marcher fière et de bonne mine
Dans les carrefours des âmes.

« Demain, dès l’aube,
A l’heure où blanchira la campagne »,

Le toit de la case de maman
Sera haut, beau et le plus luisant.
Son éclat obligera les autres à retenu et de mettre
des lunettes de soleil pour altérer leurs regards âpres.

Ils se diront :

« ah bon ! Elle a maintenant des fées qui l’aide.

Laissons-les cogiter,

Polémiquer sur le mystère qu’ils verront s’accomplir.
L’heure n’est pas aux explications,
Puisqu’ils adorent ça, laissons-les discourir,.
Laissons-leur perplexe devant les surprises à profusion
Qui se présenterons à eux. Sans qu’ils le sachent,
Soyons les fées qui nous feront et qu’on s’arrache
Faisons de notre plaisir de les surprendre en bien
La source de nos motivations pour notre bien..

Il m’ont dit, ces grands hommes des cents cieux.

Que pour nous
Nous devons rester nous
Que pour goûter au respect de l’autre différent
Il ne faut jamais se battre avec sa force même éléphant.

Cours en cadence,
Vole malin courtois
Télé-transporte-toi,
Fais en toi omniprésence.

Tu puiseras tes forces dans l’énergie spirituelle.
Du vieux nègre du temple des anciennes écuelles

Ne te fatigue jamais,
Va aux harnais.
tu devras combler le fossé des générations
de relations humaines empestées. Mission.

Dope-toi,

Les règles de la compétition sont caduques.
Danse l’endurance comme s’il s’agissait de la musique
Du bonheur. Dansons-la comme si vivre c’était danser.
La lassitude serait cette eau qui assouvirait
Ta soif d’un monde meilleur.
Où tu vivras sans peur

Capable ou démissionnaire,
L’Afrique elle reste en attente
De ses dignes émissaires.

A nous de nous faire missionnaire,
D’arrêter d’être téméraire
De suivre les visionnaires
Quitte à trouver chimère

Nous sommes plus que jamais
Face à notre destin et je crains
N’avoir les mots qu’ils auraient
Fallu pour réanimer leur instinct.

Les toucher, sentir l’odeur de la sueur
De nos chairs noires en douleur,
Accumuler nos chaleurs
Pour griller nos peurs.

Aurais-je les mots qu’il faudrait pour les inciter
A sortir de leur destin tracé comme une fatalité,
Tel une trajectoire inéluctable
Subie de posture lamentable.

Comment les amener à imiter silmaha qui lui,
depuis longtemps déjà refuse de voir ce monde
virtuel fait de leurre, de mensonges et d'abus.

Lui qui s’est retirer de ce rêve-réalité immonde
pour concevoir l’autre monde qu’il se plait à voir.
Celui dont il se donnera les moyens de faire par lui

Dis-leurs Silmaha. Que vois-tu ?
Toi qui es sorti de l’hypnose avant nous.

Dis-nous, comment es-tu passé de l’autre côté ?

Dis nous ce que tu vois
pourvue qu’elle ne soit pas notre vie actuelle
empestée par le sang de l’histoire.

Pourvue qu’elle ne soit pas cette vie
où nous nous lamentons permanemment sur notre sors.
Révèle-nous ton schème de réflexion,
ce serait sans doute le secret pour sortir du labyrinthe
de notre hypnose collective.

Dis-nous tout,

nous participerons à la construction de ce monde
dont tu as certainement déjà théorisé les bases.
Nous serons fiers d’être des aveugles pour les autres.

Aveugle ! Je le prendrai pour le discours de l’autre,
celui-là qui croit légitimement qu’il n’est normal
que de voir comme lui.

Si endosser l’étiquette du mal voyant
me sortira de mon apnée insoutenable
et me fera respirer l’air purement spirituel
loin de nos tombeaux ouverts, je tente l’aventure.


Moi je suis convaincu mais c’est la confrérie
qu’il faudra mobiliser pour aboutir à bout de nos convictions.

Moi ! T’inquiète, j’ai été emballé le jour où tu m’as dis « ne vois plus ce que les autres veulent que tu regardes dans la chose, regarde ce que toi tu veux voir. »

Moi, j’ai compris, le silmahaisme est mon idéologie
et je peux vous confirmer qu’il n’y a pas pire aveugle
que celui qui s’abstient de voir le monde tel qu’il est,
non pas pour le fuir, mais pour s’engager à l’affronter
et le transformer à son avantage.

Les voyeurs eux le regardent
d’une froideur déconcertante
sans jamais réagir, si ce n’est de le constater, l’analyser, le théoriser
comme pour faire l’économie de leur rationalité
que les autres leur ont toujours refusée.

Quels mots, quelle stratégie pour dynamiser les inerties ?

Je ne trouverais certainement pas les mots
pour dire à mes confrères que la fatalité,
c’est pour les faibles, les démissionnaires,
les sans confiance en eux.

Qu’elle sert ceux qui se complaisent à notre immobilisme
pour sauvegarder leurs privilèges et souvent sur nous.

Silmaha, dis quelque chose toi
qui as les clefs de l’énigme et l’anecdote du verbe,
toi qui sais convaincre sans brusquer,
toi qui sais crier sur les jeunes sans leur faire peur,

toi qui sais taper sans faire mal,
toi qui ne nous tape que pour nous réveiller.

Dis leurs que les jalons de l’alternative sont déjà posés
Et que reste qu’à raviver la flamme de l’espoir
que nous ne protégions au plus profond de nous que pour nous mentir.

Mensonges, égoïsme, hypocrisie et autres vices.

Encore des freins au sursaut patriotique.



Pour susciter leur désir d’engagement
dans cette dynamique responsable qui serait nôtre.
Je manquerai certainement de diplomatie,
je ne pourrais pas ne pas leur tenir un langage franc
qui serait l’expression d’un cœur éthéré et innocent.

Cela me paraît tellement évident
que je ne saurais être ni patient, ni tolérant
vis-à-vis de ce qui resteront inertes et irresponsables à jamais,
ceux là qui m’énervent de par leur indifférence narquoise, limite facétieuse.

Qu’il leur dise, lui.

Moi je tiens à garder mes nerfs
pour que désormais toute mon énergie soit utile
et serve pour le vivre mieux.

Je veux garder toute ma capacité de production physique et intellectuelle pour goûter au plaisir de vivre dans ce monde angélique
que nous construirons et que nous transmettrons à nos enfants,

heureuse descendance qui verront en nous des bâtisseurs.

Nous serons certainement élevés un jour
au rang de héros civilisateurs

comme Ndébi, Nommo, faro et les autres.
Nous serons les nouveaux maîtres de la brousse
qui remettront de l’ordre dans notre savane désagrégée,
dans notre nature putréfiée et dans notre mentalité hybridée.
Nous serons les pères de l’ajustement structurellement endogène de l’Afrique.
Mon pauvre Afrique.

Décidément, Elle tient encore mais jusqu’à quand ?
Sans jamais perdre espoir, elle demeure en attente
de ses héros visionnaires et lucides.
Elle contemple les générations se succéder
sans jamais répondre à ses atermoiements,
sans jamais laver l’affront qui l’anéantit…

Dis leurs silmaha que l’heure a sonné,
qu’il est venu le temps d’arrêter de nous la raconter
cette histoire qui étouffe notre Afrique parce que
pensée comme les causes de notre retard.

Continuer de nous la raconter,
c’est comme se résigner à La laisser sombrer,
d’en n’avoir rien à foutre,
c’est se réfugier derrière cette lâcheté
plus ou moins confortable consistant à se dire :

« ce qui importe le plus c’est de sauver sa peau
et de laisser les autres s’occuper des leurs. »

Sauve qui peut.

Pendant ce temps l’Afrique,
encore en attente,
lance son appel des plus alarmants.
Elle compte désespérément sur notre génération
qu’elle sait pourtant aguerrie et prête
pour corriger son itinéraire,
réajuster sa trajectoire, redresser son devenir.

Encore faudrait-il que celle-ci en prenne conscience,
qu’elle soit suffisamment confiante pour saisir ce rôle qui est sien,
celui du rebroussailleur de ce qui a été débroussaillé,
celui du changeur de cap pour négocier à merveille
le virage d’un vingt et unième siècle décisif.

Elle bat des pieds, des mains,

Elle saute comme une sauterelle géante
et fluorescente sous la lumière lunaire de minuit.
Elle crie à se déchirer les poumons,
encore et encore pour retenir cette jeunesse aventurière.

Elle ne veut plus se laisser vider de sa jeune substance.
Plus que jamais, Elle est décidée à se faire entendre,
Elle ne veut pas prendre le risque d’attendre l’autre descendance
de peur qu’il ne soit trop tard.

Lançant son appel de détresse,
celle de la dernière chance,
mon continent des hommes calcinés doit certainement
douter de notre volonté d’entendre ses interpellations,

Elle doit croire qu’avec le temps,
nous sommes devenus de mous contemplateurs
salivant devant la saveur de la vie merveilleuse
dont nous ne levons pas le petit doigt pour construire.

Devons nous continuer de désappointer notre patrie,
l’honneur de nos ancêtres, la dignité de notre race.
Devons nous continuer de donner l’image du néant-présent
qui, tel un revenant ne rôde que pour déranger la quiétude
des bons vivants en leur reprochant leur instinct de survie.

Devons nous nous contenter à jamais de suivre un destin
dont nous ne contrôlons ni les tenants, ni les aboutissants.
Devons-nous, aujourd’hui au vingt et unième siècle,
continuer d’être des suiveurs avec des œillères
qui nous cachent les opportunités alternatives.


Tall Mangoné












L’Afrique a toutes les raisons de douter de son avenir.

Quand les enfants prennent les armes,
Aux adultes de déclencher les alarmes

Enfants soldats ! ! ! ! Arrêtez-moi ça sans délai.
Monde de délires. Au sang l’enfant préfère-t-il pas lait ?

Un enfant, c’est doux,
Il est délicat et mou
Il est à défendre.
Il doit juste apprendre

Un enfant est un enfant.

Enfant, il a besoin de saisir le monde
Nul intérêt pour lui de le voir en tombe,
Même si celui-ci peut paraître immonde.

Espérer devenir adulte saint et intact
Quel enfant l’aurait pas inscrit sur tract.
Hélas il reste sous dépendance de l’adulte
Pour un jour espérer hériter de son statut d’adulte.

Que lui aura-t-on léguer
Lui qui prend sans distinguer


Apprendre à devenir adulte dans de bonnes conditions.

Il veut juste apprendre et pour preuve
Il apprend vite, il boit ce dont on l’abreuve
Il apprend ce dont on l’initie,
Et tout savoir est pour lui prophétie

Un enfant reste un enfant,

Toujours la même curiosité, innocence
La même posture face à la connaissance,
La même capacité de rétention,
La même rapidité d’intégration
Et la relative netteté de la reproduction.
Cet apprenti de la vie qui capitalise entre affection,
Expérience et acquisitions nouvelles.

L’enfant aux bras tendus vers le ciel
Espérant câliner le monde,
Embrasser une vie féconde.
Bras tendus de celui qui en pleurs ira se consoler
Dans l’affection de sa mère, pour s’envoler
Oreille posé contre ce cœur
Qu’il entendra dire sans pudeur

« oui pleure, tu as le droit de pleurer,
tu ne pleures que pour déclarer
ton droit à l’affection et au réconfort. »

Ce cœur maternel qui ne lui exige d’efforts.
Même s’il peut paraître grand et fort,
Un enfant reste un enfant.

Parfait récepteur, un enfant n’anticipe pas,
il n’a pas d’a-priori, il ne juge pas
un enfant se contente d’apprendre,
il écoute et prend sans tout comprendre.

Un enfant n’est qu’un enfant


Il ne distingue pas le bien du mal,
Il ne décide pas et c’est normal
Et n’est donc pas coupable de grand chose, volage
Il est juste punissable pour la fragilité de son âge

Et peut être pour son histoire
qu’il n’a pas choisie à table
Et qui a fait de lui enfant sans miroir
Errant et facilement détournable

Il est une victime de plus d’une société insouciante
Qui tourne le dos à l’incarnation d’une postérité descente.
Enfants, loin des tableaux de l’école désemplie
Enfants aux tableaux de chasses bien remplis.

Anciens combattant à quatorze ans.
Criminels et des victimes par cent
Quel parcours ! Ça doit faire réfléchir.
A qui leur sang fait se rafraîchir


Enfants soldats,
Soldats miniatures
Armure de renégats
Des gars Souillures.


Adultes sales et irresponsables
De ces crimes vous êtes coupables.

Ils se voient héros, ces pauvres enfants
Héros sauveur d’une cause même l’ignorant,

Soldats fraîchement sevrés du lait maternel
Pour être formaté à commettre du bordel
Et pour qui, chaque tête gobée est une fierté mortelle
Une satisfaction plutôt naturelle
Ils auraient pu être du coté des mortels

Un enfant aime faire des exploits.
Qui n’a pas entendu un enfant s’exciter

« papa regarde, j’ai fait un joli dessin »
« maman, j’ai nourri les poussins. »



Quelles prouesses se racontent ces enfants ?

Ils ont appliqué les mécanismes pédagogiques
Qui ont fait leur développement psychologique

Ils jouent aux jeux qu’on leur a appris à jouer.
Pour jouer si tôt à ce jeu, à quoi ont-ils pu se dévouer
N’ont-ils pas brûlés des étapes de leur croissance,
De leur éveil corporel. Ont-ils les bonnes connaissances ?

N’ont-ils pas perdu quelque chose ?
Ne leur a-t-on pas volé leur enfance ?
N’ont ils pas cédé à une psychose ?
N’ont-ils pas été sous hypnose ?

A ces enfants

Ne leur a-t-on pas volé leur droit à l’innocence,
Leur droit à la liberté, leur droit à la bonne conscience,
Leur droit de ne pas être traumatisé dés l’enfance,
Leur droit de grandir comme en France.
Dans le monde des droits universels
Des enfants de la société idéale.

Enfants soldats n’est-ce pas un délire de minus.
Comme si c’était admissible pour la dignité de l’Humanus.
Est-ce acceptable de laisser ces enfants sous pattes
De quelques rêvards de prêcheurs psychopathes.


Les enfants ont des droits, mais ils ne les connaissent pas,
Ils ont pas la force de les revendiquer, ils ne le savent pas,
Et encore moins de les défendre.

Et l’on se demanderait presque si ce n’est pas lâche
Pour nous adultes de ne pas faire pour eux bâche .
Dans la société idéale, les adultes ont naturellement
Le devoir de protéger les enfants et systématiquement..

Un enfant n’est pas un soldat,
Aux armes, il préfère soda.
et pour s’en convaincre, rien de plus saisissant
que de voler un regard discret et tendre sur son enfant
dormant paisiblement dans son nid de lit douillet,
Surtout, parce qu’il se sait en sécurité,
Parce qu’il sait aimé et est rassuré.
Assuré que ses parents le guiderons
Vers le rendez-vous de sa majorité.

On ne peut guère s’empêcher de dire juron

« c’est quand même trop tôt »

L’on ne peut s’empêcher de se demander
qui sont ces parents qui omettent d’accompagner
les pas de leurs enfants vers le savoir,
ceux là qui poussent leurs enfants à l’inconnu,
au vice à l’advienne que pourra au dévolu.
Le font-ils au gré de leur vouloir.

Ne sont-ils pas des orphelins sans devis
Abandonnés à la cruauté de la vie ?

Une interprétation hâtive ou mûrie,
Ne les aidera en rien pour leur survie.
Il s’agit simplement de faire quelque chose
Pour les sauver d’un phénomène à clause.

Enfants soldats au Sierra Léone,
Enfants esclaves au Ghana,
Enfants sorciers au Congo,
Enfants mendiants dans les rues de Dakar…

Enfants rois ; Où et quand ?
C’est quand vous voulez ?

Et ne me dites pas qu’il faudra repasser.
Car en voici un idéal qui laisse espérer.

Je vois un monde où tous les enfants nés
Auraient accès à la connaissance, à la santé,
Au minimum alimentaire, à l’eau potable,
Non parce que papa et maman sont à table…

Mais parce qu’ils sont des enfants,
Jeunes pousses de ces arbres
Qui feront demain les ombres
Qui nous protègeront, vieux, du temps.

J’aperçois un monde où l’on porterait spontanément Assistances aux enfants en détresse et énergiquement,
Non pas parce que ce sont nos enfants,
Ni même parce qu’ils ne le sont pas…

Mais parce que ce sont des enfants.
Je rêve de ce monde là
Où les droits de l’enfant serait l’affaire des adultes.
Dans ce monde nous vivrons ensembles sans insultes


Un monde où l’on sécuriserait les enfants,
tous les enfants, avec ou sans parents ;
parce que ce ne sont que des enfants.

Enfants dans une dure conjoncture où
l’on vend ses trois enfants
pour s’occuper des deux autres, où
l’on abandonne ses enfants
parce qu’on ne peut pas les ravitailler, où
l’on voit mourir son enfant
parce qu’on a pas les moyens de les soigner.

Enfants dans cette perversion morale où
l’on incite implicitement son enfant
à la prostitution pourvu qu’elle soulage des bides affamés.

Enfants monnaies qui payent les cassés
de foutus pots d’une société renversée.

Soyons vigilent, l’ascenseur de ce social a-social descend
vite, il dégringole violemment secouant dangereusement
ces enfants qui n’ont appuyé sur aucun bouton.
Et sous la passivité déconcertante d’adultes bouffons.
.






Femmes oppimées, femmes promises.

Savent-elles ce qu’elles font ?
Société de l’ambivalence,
incohérence d’une société moderne
envahit par le vice et où l’on s’obstine
à juger par les vertus d’antan.

Veulent-elles ce q’elles font ?
Font-elles ce qu’elles veulent ?

Et si elles le faisaient pour échapper
au regard punitif d’une société malvoyante.

Et si jamais elles le faisaient par peur,
pour ne pas être marginalisée,
reniée et exclue de cette société d’exclusion.

Et si c’était la sentence d’une socialité
aux pensées puritaines et aux réalités perverses.

Réalité de cette société qui accable les femmes
pour épargner les hommes.

Une femme est toujours l’otage de sa virginité
qui seule fait sa dignité,

si elle l’a perd, tout le monde s’en apercevra
et verra en elle l’indignité de la pute à l’état brute.
Quand un homme en finit avec une femme hors mariage,
il remballe le matos et la vie continue sans chute,

La femme elle, tombera enceinte
Et promise à une honte éternelle
Avec son fils bâtard
Qui fera le menu de la cruauté
des ses camarades
et du mépris des adultes médisants.

Ils sont partis ses bébés,
sans comprendre pourquoi,
sans avoir la chance de vivre avec.

Que seraient-ils devenus ?


Une société médisante
de ces hommes qui prennent le plaisir
pour laisser la souffrance à la femme.

Femmes gardiennes de valeurs en perdition,
Femmes, bouc émissaire de cette société impuissante
face à l‘érosion de ses coutumes pendantes.

Société de ces hommes dominants,
ceux là qui enferment la femme dans la tradition,
pour pas qu’elle soit réveillée
par ce vent libérateur de la modernité.

Tradition qui sert les hommes avant les femmes,
celle qui sert la femme par l’homme,
celle là même où la femme,
au-delà de ne pas être l’égal de l’homme,
lui appartient comme tout autre objet.

Cette société ou l’homme,
par peur de l’intelligence
et de la ruse de la femme
l’étouffe et la relègue hors du cercle
de la parole et des prise de décision.

Est-ce pour elle bien ainsi ?
Ont-elles le choix ?
Ont-elles la force de corriger la tendance ?
N’est-ce pas systémique ?

Femme africaine dominée,
femme battue,
femme violée,
femme liée,
femme convaincue de leur faiblesse
que l’homme spécule pour se voir fort.

Vous avez désormais le choix,
celui de vous voir fortes et de dire non,
que vous ne pouvez plus vivre dans un monde
qui sert le meilleur pour l’homme et le reste à la femme.

Femme dites vous que votre liberté
ne serais pas celle que l’on vous donnera,
mais plutôt celle que vous prendrez.

Femme africaine,

ceci n’est pas le simple discours d’un homme qui,
au lendemain d’un acte ignoble
envers la dignité d’une femme,
se rappelle que sa mère et sa sœur,
tout autant que ses grands-mères d’ailleurs,
sont des femmes,

mais plutôt celle d’une jeunesse africaine
qui veut redéfinir une nouvelle politique de vie commune ; celle du vivre ensemble dans ce monde que nous créerons ensemble, celui là même qui ne saura être viable sans une touche de créativité et d’intelligence féminine.

Femme je vous fais une confidence,

pour homme que je sois,
je ne suis pas sûr que
si les présidents africains étaient des femmes,
il y’aurait autant de violence,
autant de perversité,
autant de mortalité infantile,
autant de femmes qui meurent en couche.

Je suis sûr qu’il y’aurait

une meilleure prise en charge de l’éducation
et de la santé des nos enfants.

Je ne doute pas que,
parce que capable de partager un homme,
vous serez à même de partager le pouvoir
et d’être plus juste avec le peuple.

Femme libérez-vous pour notre salut,
c’est une invitation que vous lance
cette jeunesse africaine responsable
qui ne vous jugerait plus que par votre patriotisme,
votre engagement et votre apport
si utile pour sauver une réalité sociale condamnée.

Si vous vous sentez suffisamment grande,
ne vous cacher plus derrières les grands hommes,
ni les petits d’ailleurs. Emergez,
venez apporter cette intelligence affective
et rassembleuse, votre créativité constructrice
pour ce nouveau système de la cohésion sociale en Afrique.

Femme de mon amour,
femme de mes respects,

si vous couvrir de fleurs vous rassure
et vous décide à croire à la sincérité
de cette nouvelle résolution,
alors j’irais jusqu’à dire que
vous avez beaucoup plus à apporter
que nous pour recadrer une Afrique
déchirée par des hommes qui jouent au plus viril.

C’est ainsi une manière de vous convaincre
que dans cette société nouvelle, femme africaine,
rien ne se fera à votre insu
et vous n’aiderez pas en vous taisant,
en taisant votre souffrance
cachée derrière un symbolique déculpabilisant.

Les esprits des ancêtres l’ont décrété
femmes africaines,
et prenez acquis de leur soutien.

Ils ont voulu que vous soyez
Cette lucidité prévenante
Qui insistera sur priorités
Sur les fondements d’une Afrique décomplexée
De tout symbolique entravant,
moderne ou traditionnel

et peu importe

si demain ma femme n’attend ma bénédiction
Pour vivre ses convictions
pour entamer une démarche qu’elle jugera bonne,

peu importe si ce serait à la perte
de mes privilèges sur vous,

je les entends me dire que sans vous,
jamais nous trouverons le juste milieu,
fondement et équilibre de la forteresse
de notre monde meilleur que nous ferons.

Dis-leur Silmaha,

toi qui es homme à voix chantante,
Chante ta vérité enchantée,
chantre de tripes,
chants extirpés de nos entrailles,
chœurs noirs de cette moule absente,
mots sur les maux de notre oisiveté atone,
de notre passivité à tripatouiller l’inertie.
Chorus exorciste de notre inaction
qui nous fait mal au ventre.

Entonne-la Silmaha,

mets-nous en face de nous-même.
Qui saura rester insensible à ta chansonnette ?
Pipettes,
galipettes,
faillites perpettes…
thiiiipette sur assiettes.

Le spectacle n’a que trop duré.
Dis-leur, toi.

Fait ta litanie de tes chants clochettes,
airs aux paroles subliminale,
Slang slam de la sensibilisation,
voix de la voie pour pourvoi
chants sonnette,
dong du gong qui fera la fin
des guinguettes et complaintes.

Grand homme que tu seras,
Tu sauras prendre la mesure.
Fait nous dire stop à la cruauté social
Que tu estimes indigne de ton regard.


























Or dans ce village, ma place était en marge de celle des autres, elle était à l’écart des mortels… Avec eux je ne partageais que les fondamentaux, le plus petit social commun, la synthèse culturelle qui déterminait l’organisation sociale.

A l’écart du village, je me réfugiais,
en marge de la société,

du haut de ma branche qui surplombe le village.
Dans la tendresse de mon tamarinier, j’appréciais passivement ma position sociale et celle des autres,
je mesurais nos différences et celles de nos chances sociales.


J’étais loin de cette fausseté sociale qui parce que banale et aux origines lointaines, passait toujours inaperçue. Loin de tous et observant tout le monde, moi, je m’en apercevais et même, je pouvais me permettre de me le dire car seul là-bas, je me sentais à la hauteur, j’étais important, j’étais libre. J’étais vidé de toute contrainte, bercé par le vent doux de la brise de dix sept heures et demi.

Pourquoi ne l’as-tu pas dit tout haut pour réclamer plus d’estime ?

Peut être que, Désiré, c’est ce que tu devrais faire pour franchir la barrière sélective ?

J’ai essayé.

Seulement, tu es là assis avec moi, hoquetant encore de tes larmes, braises larves de ton volcan de cœur à l’explosif. Moi je m’évitais ce supplice, alors je m’inspirais dans ce vent tendre et caressant qui, le soir, venait soulager mes tracas de la journée. Ce vent mystérieux et thérapeutique qui apporte avec lui le temps de la rencontre et de la réconciliation…

C’est vrai que l’air parfumé et épuré par les vagues de la mer prédisposait à méditation spirituelle, histoire de s’aérer, histoire de se renouveler, prétexte pour détendre les nerfs après une rude journée marquée par l’ardeur du soleil et la misère de notre existence, histoire d’oublier que demain arrive bientôt et qu’elle sera exactement comme la veille, histoire de se convaincre que la vie est belle en fin de compte et qu’après la pluie vient toujours le beau temps.

Tu crois que je devrais m’adonner à la méditation, sous ce vent, pour comprendre ce qui constitue les freins de ma promotion ?

Je me laissais plonger dans une sorte d’hypnose, dans une sorte d’allégresse virtuelle qui m’offrait du sourire le temps d’un songe…

Jeune prodige, ne te laisse pas impressionner par la poésie du temps généreux et pour conseil, ôte cette idée sotte de ta naïveté juvénile.

Pourquoi, si ça t’a soulagé, peut être moi aussi j’y trouverai ma réponse.

Ne te laisse pas endormir par l’excès de lucidité et de surréalisme de ma sagesse quelconque. Confondre mes songes de jadis et ta réalité d’aujourd’hui c’est demeurer à jamais suiveur d’une logique complaisante, c’est rester dans le stéréotype à défaut de te donner le courage de tenter la révolution. En réalité, mon ami, avec un peu de recul, l’on se rendrait compte que ce vent prédispose plutôt à se vanter, à montrer ce que l’on est tout en rappelant aux autres ce qu’ils sont. Les regardant de haut, sur ma branche berceuse, je distinguais bien ceux qui marchaient tête haute pour admirer la beauté de l’horizon. Je remarquais aussi ceux qui se courbaient à se plier l’échine, ceux qui devaient garder les yeux cloués sur les orteils comme pour, pas après pas, s’assurer qu’ils sont encore au complet. Au sommet de ma branche, j’admirais la joie obligée dans le village, rythmée par le faux accord des éclats de rire et la duplicité de la courtoisie ambiante. Ils marchaient tous à la cadence du temps prenant chaque seconde comme une ouverture vers l’autre. Rien ne pressait, ce temps était pour tous vaquant et supposé consacré à l’équilibre social. Sauf que la perversion n’était jamais loin. Elle était dans la stratégie de percer les secrets embarrassants des autres pour en rigoler avec d’autres. Tu vois le genre. Le jeu du dénigrement-auto-compliment ; démontrer que les autres sont vicieux, qu’on est mieux que les autres.

Ca, c’est des habitudes que nous avons malheureusement bien préserver. Moi, je garde mes secrets aussi lourds soient-ils.

Tant mieux pour toi, moi, ma vie n’a jamais été un secret pour personne, j’ai toujours, à nu, été exposé aux regards vicieux. Toute mon enfance, j’ai toujours passé ce moment là seul et isolé des autres. J’aimais rencontrer d’autres êtres, entendre d’autres confidences. J’aimais être en altitude et contempler ce qui m’entourait ; l’océan, et ses rivages, l’eau à perte de vue, les migrations saisonnières des oiseaux, la savane et ses animaux dont je pouvais faire le recensement sans difficulté… Par leurs traces, leurs bruits ou leurs mouvements au loin, je pouvais dire de quel animal ou oiseau s’agissait-il. J’aimais apprendre sur l’univers qui m’enrobait, savoir ses secrets. Je connaissais chaque plante qui poussait dans ses environs par leur forme et leurs odeurs, je connaissais leurs vertus et pour certaines leur dangerosité.

C’était pour occuper la dure réalité de la journée ?

Non, c’était mon élément, c’était ma réalité à moi, celle que je me faisais. Je me sentais en communion avec mon environnement comme si on ne faisait plus qu’un. C’était ni un devoir, ni un simple plaisir, c’était comme une nécessité pour mon équilibre psychique, comme si je devais apprendre à connaître ce qui m’entourait pour être et me reconnaître. Comme si je devais oublier qui j’étais pour me faire. J’aimais ma brousse, j’y passais toute la journée tous les jours, à chaque fois que ma génération était supposée apprendre le coran chez Oustass le marabout pinceur d’oreilles. Entre la faune et la flore, moi, je fleurissais comme un jeune premier dans son épisode naturellement idyllique.

Tu n’allais pas chez Oustass comme les autres ?

Je n’étais pas comme les autres, j’étais celui qui devait rester à l’écart, loin des autres. Dans la tête de Oustass, je n’étais pas fais pour devenir imam un jour, alors, il m’attribuait une tâche différente des autres : aller chercher du bois pour le feu et la lumière des autres, m’occuper du bétail et des chevaux, mendier, nettoyer… bref, j’étais celui qui devait rester constamment occupé pour me maintenir distant des autres. Je devais m’isoler hors du cercle des connaissances qui étaient censées me libérer de ma condition de relégué…. Bref, enfin de compte, je ne regrette pas d’avoir déserté le daara sans savoirs car aux vues de tes éruditions diverses et variées, tu demeures autant aux prises d’une hostilité qui te rappelle ta place et tes limites.

Oui. Oui, oui, enfonce le clou sur mon malheur.

Tu dois dire plutôt sur tes pleures, ton complexe qui te rend si faible. Moi je ne me plaignais pas du tout. Je m’enrichissais de mes rencontres, de la sagesse des passants avec qui j’aimais m’entretenir sous mon tamarinier aménagé. J’en avais fait le point de repos des aventuriers, chasseurs, nomades, messagers et autres voyageurs qui pouvaient y soulager leur soif, se cacher du soleil de treize heures, se renouveler de leur harassement et pour certains, égarés, de retrouver leur chemin ou un point d’eau pour leur troupeau. J’admirais ces braves gens reconnaissants qui me respectaient malgré mon très jeune âge. Ils m’apprenaient beaucoup sur l’humilité et le culte de la sagesse. Ils m’aidaient à vaincre mon complexe, envisager ma vie future, à préparer mon départ.

Départ ! Pour aller où ?

A l’aventure, j’y pensais en permanence. Il me restait sept ans à tirer dans ce village loin de mes illusions. Mes amis les passants s’étaient accordés à croire que tenter l’escapade avant mes dix sept ans serait suicidaire et dans leurs paroles empreintes de la sagesse d’aventuriers aguerris, je prenais mon enthousiasme en patience tout en persévérant dans mon apprentissage. Aussi, et c’était réconfortant, tous disaient que j’avais déjà la générosité requise. Un compliment qui me tenait compagnie quand seul j’appréciais le travail de l’oiseau construisant son nid.

Tu n’avais que dix ans ? Mais tu n’avais pas peur des forces invisibles du tamarinier ?

De la cime de ma branche touffue à s’y camoufler, à l’extrémité du village, sur cet arbre qu’on dit hantée, je devenais neuf et innocent comme un homme seul sur son tamarinier…

C’est normal tu étais seul sur le tamarinier.


Tu étais possédé par les forces maléfiques.

Si tu veux. Moi je dirais plutôt que j’étais dans mon imaginaire, dans l’idéal de mes chimères. Hélas, tu ne peux pas comprendre et cet instant, pour humble que je sois ne fût guère éternel, alors le temps d’admirer l’océan gober le soleil, le plaisir de surprendre la lune s’illuminer à côté de ses étoiles et me voici devoir les quitter satisfait tel un toxicomane qui vient de sniffer sa dose. Alors seulement, je pouvais descendre et rentrer, aller assumer sans regret le regard exterminateur des autres. Saoul, j’en rigolais même, pour faire transparaître ma seule sociabilité qui me restait à leur égard, pour ne pas me laisser atteindre par leurs remarques inconvenantes puisées dans la somme de leur insuffisance, de leur carence en sagesse. Fort de la protection de mes compagnons spirituels, je prenais le dessus, je puisais mon énergie dans leur peur. Je les trouvais vils et veules et je me disais tout bas : les pathétiques ne sont pas forcément ceux que l’on croit.

A t’entendre, tu ne devais pas les aimer non plus.

Tu es con ou quoi ? Je ne m’en voulais pas aux villageois, je m’en voulais au village. Je ne haïssais pas les hommes, c’est le système qui me déplaisait. Le mal tient toujours sa souffrance dans sa racine. Si on pe





















Désiré dort déjà depuis une bonne dizaine de seconde
pendant que, main droite sur sa tête,
Kenbugul l’intronisait pour je ne sais quel rite.
Je me demandais si c’était raisonnable tout ça.
Qu’allais-je faire ?
Laisser Désiré là bas dormir pendant sept jours
peut être sans manger ni même boire. ?
Et s’il mourait ?

Désiré étais là,

gît entre les racines du tamarinier,
son âme perché aux branches,
attendant ainsi des forces virtuelles
qui viendront lui apporter la lumière
qui nous sortira de l’obscurité,
nous rendre notre conscience
qui fera notre responsabilité,
la posture qui nous sortira de nos pleurs,
le regard qui nous fera voir le monde autrement,
à notre avantage.

Il gisait inerte sous le tamarinier
baignant dans sa sueur qui seule
me faisait croire qu’il était encore en vie.

Tandis que d’un geste de la main,
Kenbugul m’ordonna de quitter les lieux.

Du poids de mes inquiétudes,
j’ai beau chercher assurance,
Désiré dormant, Kenbugul en transe,
le langage qui se dégageait m’était incompréhensible.
Et en effet je n’avais rien compris,
et sans comprendre,
j’étais contraint de quitter les lieux,
par peur,
sous ordre pressant de Kenbugul
et surtout parce que l’océan avait finit par avaler le soleil.

Troublés,
je descendis de la colline divisé ;
Devais-je le dire ?
Que dire ?
A Qui le dire ?

C’était à croire que j’étais possédé,
je n’étais plus le même,
et même après une bonne douche,
j’en cherchais encore ma raison.















Mais quelle raison chercher ?

La logique de Molière,
qui l’aurait associé à de la forte émotivité,
la dialectique des Sorkos
qui y verrait la norme d’un usage,
rite d’initiation,
de renaissance
et d’intronisation.

Mulet jusque là,
je m’étais vu transformé en zèbre,
noir aux rayures blanches
dans un monde blanc à rayures noires,
zèbre dans mon monde aux zébrures contrastées.

Je n’étais plus le même,
mes opinions en tout
étaient devenues contraires
comme si la somme de mes sciences s’était écroulée
telle un château de cartes,
comme si ma philosophie avait revu son questionnaire,
comme si ma sagesse s’embrasait telle une gerbe de pailles.

Je regardais plus les choses de la même manière,
je voyais autrement,
je me mettais à lire l’anthropologie à l’envers,
l’envers devenu l’endroit d’un décor ethno-logique.

Je me mettais à parler verlan,
slang.
Slam fait de verbes de mes entrailles en éructions.
De mes viscères dégorgeaient du lyrisme sot
de dictons en argot,
fagots de mots vains pour donner sens
à mes maux divins.

Raison en démence,
déraison de ma raison,
cervelle en étincelle,
de ma cognition scintillait une lumière noire,
lanterne mystique qui vient noircir ma conscience délavée.

La raison
est dans le regard
que l’on porte au chose.
La raison,
c’est celle qu’on se fait,
la déraison elle,
comme la folie,
est toujours le discours de l’autre.
Aussi dans ce que les autres trouveraient déraisonnables,
j’ai retrouvé ma conscience de noir,
médiatrice dans le duel suicidaire
qui n’a que trop longtemps opposé
mon âme et mon corps.

Mais ce n’était pas tout,
j’ai du aussi me résoudre à comprendre
que leur raison n’était pas mienne,
que la mienne était autre,
qu’adopter leur raison
était en réalité une autocensure,
c’était avaler l’anaconda
qui allait nous bouffer les tripes.
J’étais plus le même
et ce que j’étais devenu
me laissait croire que moi aussi
je devais me faire aveugle
pour saisir le normal et le pathologique pour moi.

Ma décision était faite,
j’allais être le premier disciple de Désiré,
mon ancien patient.
Je serai la voix qui relayera son message.

Attendant son retour du ciel des aïeuls,
je goûte au plaisir de passer pour un fou.
Ce fut de bon augure,
tous les héros ont été pris pour des fous à leur début.
Alors pour moi,
c’était le début de l’espoir.
J’entrevoyais la fin du népotisme
La conscience d’un peuple
Un Etat en marche.

L’heure est grave,
elle paraît en suspens,
ne régresse-t-elle pas ?

Attendant Désiré,
sept jours paraissaient sept ans
sous les vannes d’une raison universelle piégeuse.

Le temps est venu hélas de faire la thérapie
de notre traumatisme colonial,

le temps est à l’élévation,
à la lucidité,
à la responsabilité,

le temps est venu de sortir du complexe
par lâcheté,
de la complaisance par hypocrisie.

Le temps est venu d’arrêter de sourire
même quand nous ne sommes pas contents
parce que désireux de plaire.

Le temps est venu,
le nôtre que l’on ne nous volera pas,
le temps que nous ferons,
le temps qui fera que nous soyons nous,
le temps du nous
que nous nous ferons dès l’instant…
et nulle doute,
la beauté de ce temps ne dépendra que de nous.
A nous
et à personne d’autre…
afin il vous dira, Désiré.

Pour l’heure,
en ce qui me concerne
et attendant Désiré,
je me contente d’espérer
et de me représenter le beau temps d’après tempête.

De votre part,
si d’un coup la clairvoyance de votre science en a pris un coup,
venez faire votre thérapie au

vendredi 7 mars 2008

Rêvardium

Bling-bling big bam boum
rêve de black, tombe de haut
je vois grand, mais de haut
le monde lui, me vois stroumph

Monde autre
rêve des autres

Blague de mes rêves d'ailleurs
réveil bois, dans ma réalité de frayeurs.
Dans ce monde décidément farceur
qu'en prendre si ce n'est de la rancœur

Boum, Boum, Boum, Boum
bat un coeur aux verrous,
haïssant le monde de son courroux
comme un désespéré stroumph

Colère vaine
colère inutile
colère stérile
colère de minus

colère qui me maintient aux serpillères
sur la route de ce monde qui traine ses vipères

Rêvard, cache tes boules
alors, et reste cool
car avec un coeur pur et un regard franc
ce monde ne pourrait être autre que franc ?

mardi 4 mars 2008

Information

Je viens et je m'en félicite, d'envoyer mon manuscrit pour publication. Alors si vous entendez parler de la sortie d'un livre intitulé: Transes sous le tamarinier, allez l'acheter. Encore et encore pour une thérapie des comportements pathologiques.